Randonneur

Survivalisme : histoire, types de survivalistes, préparation… Ce qu’il faut savoir.

Cela fait un bon moment que je voulais écrire un article complet sur la définition du survivalisme et du survivaliste. Au passage, cet article ne pouvait faire l’impasse sur les « sous-familles » du survivalisme. Certains se désignent en effet en tant que survivaliste, d’autonome, de prévoyant, de résilient, de prepper… Voire de dark prepper !

Mais ce travail s’avérait long, très long… Je me lance tout de même aujourd’hui !

J’essayerai donc ici de dépeindre ce qu’il faut savoir sur le survivalisme, son histoire, les variantes, les thèmes récurrents… J’apporterai tout au fil des lignes qui suivent mon opinion après près de 12 ans de préparation. Donc, spoiler : cet article sur le survivalisme est totalement subjectif et ne reflète que mon point de vue.

Secon spoiler : cet article est interminable et contient beaucoup de texte (5500 mots, soit une demi-heure de lecture !). Il inclut également pas mal de vidéos. Si vous êtes pressés, je vous invite tout simplement à naviguer grâce au sommaire ci-dessous.

Histoire du survivalisme

Certains mettent le point de départ du survivalisme au début du XXème siècle avec le développement de la philosophie de l’hébertisme. D’autres affirment que les débuts du survivalisme eurent lieu dans les années 60 sur fond de guerre froide et de guerre nucléaire.

Pour ma part, je pense que le survivalisme a toujours existé.

Le survivalisme a toujours existé

La survie fait toujours partie de nos gênes. Autrefois, en occident, la plupart des classes sociales se montraient prévoyantes afin de faire face à ce qu’on appelle la rupture de normalité. Car ces ruptures étaient monnaies courantes. Lorsque l’on regarde un peu en arrière, il n’y a pas une décennie qui ne fut pas marquée par la guerre, la famine, les épidémies, les problèmes météos… Conséquence : on faisait des stocks et on se préparait pour les années de vache maigre. En parallèle, on vivait avec la nature et chacun était prêt à défendre la famille, le clan, la ferme ou le village. Et ce depuis la sédentarisation de l’Homme.

Au temps des chasseurs cueilleurs nomades, la constitution de stocks s’avéraient complexe. Mais d’autres compétences étaient développées, comme l’endurance, la défense, la connaissance de la nature, des plantes, du gibier…

Cela fut vrai jusqu’au XXème siècle. Peut-être même jusqu’aux années 50. Les révolutions industrielles et le progrès technologique apportèrent ensuite des biens de consommation moins chers et davantage de confort. Surtout, après la seconde guerre mondiale vint la fin des conflits en occident couplé à la consommation de masse et l’avènement de l’état providence. Il devenait pour la plupart de moins en moins nécessaire de se préparer à un avenir incertain. Ceci explique que, dans ce contexte, le survivalisme (re)naissant fut vu comme une pratique marginale.

Feu de camps au silex
Hommes préhistoriques autour d’un feu de camps : le survivalisme existe depuis la nuit des temps ! – RoadLight /Pixabay

L’hébertisme

Comme vu plus haut, certains situent le départ de la chronologie du mouvement survivaliste au début du XXIème siècle avec l’hébertisme.

Cette pratique fut développée par Georges Hébert après l’affrontement d’une catastrophe naturelle en 1902. Cette année-là, cet officier de marine organisa le sauvetage de près de 700 personnes d’une irruption volcanique.

C’est suite à cet événement marquant qu’il développa l’hébertisme en 1910. Cette discipline holistique vise à développer le corps et l‘esprit et à les renforcer afin de se rendre utile en cas de coups durs. Ce afin de sauver sa peau, mais aussi son prochain. Aujourd’hui, bien des survivalistes s’inscrivent dans la même veine en plaçant le développement physique en tant que piliers du survivalisme. Je pense notamment à l’instructeur de survie français David Manise et son ouvrage de développement corporel et mental « Quick and Dirty ».

L’hébertisme, philosophie héritée par le survivalisme moderne, comprend plusieurs volets :

  • Culture mentale, morale, mais aussi intellectuelle
  • Entrainement par la Méthode Naturelle (volet physique). Cela comprend la marche, la course, la natation, l’escalade, l’équilibre, la défense personnelle…
  • Apprendre plusieurs métiers manuels

Survivalisme et guerre froide

Pour d’autres, le survivalisme est né aux USA au temps de la guerre froide. Certes, à l’époque, les deux guerres mondiales étaient déjà loin derrière. Mais une nouvelle menace plane sur le camps de l’occident : le communisme et surtout les conséquences de la guerre idéologique/politique. On pense notamment à un nouveau conflit armé sur le sol américain, notamment, mais surtout à la guerre nucléaire.

Cette menace était réelle. Chacun a pu à l’époque s’émouvoir et prendre peur suite au bombardement de Nagasaki et Hiroshima par les USA ! Qui plus est, dans les deux camps, les tensions connurent de nombreuses escalades et l’on craignait que l’un ou l’autre « appuie sur le bouton ». La crise des missiles de Cuba n’est qu’un exemple parmi tant d’autres durant cette étrange guerre.

Les états eux-mêmes se préparaient à une telle guerre nucléaire. C’est notamment dans ce contexte qu’est née ARPANET, le premier Internet. Le but étaient initialement de pouvoir décentraliser les datas et les informations tout en facilitant les communications distancielles.

En parallèle, le survivalisme se développe en raison de la forte inflation puis de la dévaluation du dollar suivi du choc pétrolier de 1973.

Le survivalisme revenant à la mode, les livres sur ce sujet et les manuels de survie commençèrent à partir des années 1970 à fleurir dans les librairie… Ce qui fit de nouveaux adeptes.

Le survivalisme aujourd’hui

Longtemps, le survivaliste était vu et considéré au travers de sa caricature attachée à la guerre froide. A savoir, un individu collectionnant les armes, stockant des conserves et des munitions et possédant un bunker atomique « au cas où ».

Depuis les années 2000, le survivalisme se présente sous de nouvelles formes. Le survivaliste aujourd’hui recherche davantage d’autonomie, de résilience. Il vit ou essaye de vivre au plus près de la nature. Il se prépare autour des neufs piliers du survivalisme et s’inscrit dans une démarche holistique. Pour ce faire, il anticipe les risques et les dangers, s’équipe, stocke, mais ne se limite pas à cela. Car le survivaliste d’aujourd’hui met également l’accent sur une préparation intégrant les connaissances et l’acquisition de compétences. Il inscrit pour ce faire cette recherche de résilience, d’indépendance et la prévoyance en tant que mode de vie à part entière.

Plusieurs événements permirent au mouvement de se développerau cours des années 2000 au point de renforcer sa crédibilité :

  • Les attentats de 2001 initiant une vague d’atentats terroristes dans le monde ;
  • La fin du monde du 21 décembre 2012 selon les mayas. Un non-évènement ridicule et risible, mais qui eut pour effet positif de faire connaitre et de populariser le survivalisme. Le « bug de l’An 2000 fut un non-évènement du même accabit.
  • La crise financière et économique de 2008,
  • La multiplication des catastrophes naturelles
  • La pandémie de Covid-19,
  • Le retour de la guerre sur le sol européen

Arrivée de la philosophie survivaliste en France – les pionniers

Comme nous l’avons énoncé précedemment, les mouvements preppers et survivalistes sont nés en Amérique du Nord. Soit aux USA et au Canada.*

Le mouvement a réellement débarqué en France grâce à une poignée de blogueurs, d’auteurs et de Youtubeurs.

Nous pouvons citer, entre autres:

  • Vol West, auteur du blog lesurvivaliste (inexistant aujourd’hui), et sa chaine Youtube (toujours active, mais uniquement en live. Français expatrié aux USA dans les années 2000, Vol West a donné de l’élan au mouvement prepper en France en 2010/2011. Il est notamment à l’origine du développement du réseau francophone des survivalistes (RSF) décliné par régions. Il est également l’auteur, avec Piero San Giorgio, du manuel de survie urbaine Rues Barbares.
  • Piero San Giorgio, auteur et YouTubeur. Ancien cadre international dans l’informatique, il se met au survivalisme à la fin des années 2000 et développe depuis ce temps là sa BAD et sa préparation. Il est l’auteur de plusieurs ouvrage (en coécriture avec des spécialistes). Nous pouvons citer, entre-autres Rues Barbares avec Vol West et NRBC avec Cris Millenium. Surtout, il devint populaire grâce à son livre « prophétique « Survivre à l’effondrement économique ».
  • Mr Frogg, un français expatrié aux USA qui eut une bonne notoriété sur YouTube. Sa chaîne a aujourd’hui disparu.
  • Et d’autres YouTubeurs « pionniers » de la mouvance francophone, comme Esobook, Steven de Citoyens prévoyant, Survivaliste JCB, la chaine Ma Ferme Autonome et Vivre sans argent…

Définition du survivaliste et du survivalisme

L’auteur Kurt Saxon serait le premier à avoir employé le terme « survivalisme » dans la littérature spécialisée. Il en serait (au conditionnel) ainsi l’inventeur, en quelques sortes.

Pour ce qui en est de la définition du survivalisme, difficile de trouver un consensus à ce sujet. Les médias ont leur propre définition, les « non-survivalistes » également. Mais ceux qui en parlent le mieux demeurent tout de même les survivalistes. Mais là encore, certains courants ne sont pas d’accord entre-eux !

Le survivalisme selon la presse, les médias en tout genre

Pour beaucoup de monde, et notamment les médias, le survivaliste serait quelqu’un :

  • Vivant volontiers dans les bois de temps à autre pour le plaisir,
  • Participant à des stages de survie,
  • Collectionneur d’armes,
  • De pessimiste,
  • Vivant dans une pure fiction,
  • Angoissée de l’avenir,
  • N’ayant pas de soucis dans la vie et jouant à se faire peur pour s’occuper,
  • Adoptant la philosophie du survivalisme en tant que religion avec une armagedon, les élus (survivalistes) et les autres.
Monde apocalyptique
Les médias, dans leurs caricatures, associent volontier survivalisme et peur de l’apocalypse – Pete Linforth The digital artist /Pixabay

En bref, pour les médias, le survivaliste est quelqu’un d’asocial. Un hurluberlu vivant en dehors des réalités. Parfois même un individu dangereux car armé et préparé à la défense personnel.

Quelques exemples de décrédibilisation de la mouvance survivaliste dans la presse

Voici ici deux vidéos résumant la position de la presse et même du pouvoir politique à ce sujet.

La première vidéo est extraite de BFM s’interrogeant sur la nature des survivalistes après que l’état français ait exprimé la volonté d’encadrer les stages de survie. Il est également question de surveiller d’avantage les survivalistes « extrémistes ». Des décisions somme toute naturelles et légitimes eut égard à plusieurs drames qui se sont déroulés ces dernières années : le décès d’un participant à un stage de survie et les fusillades et autres crimes commis par des possesseurs d’armes se disant survivalistes. Rappelez-vous : l’un d’eux a même affronté les forces de l’ordre afin de mettre fin à ses jours. Mais avouons que les survivalistes suicidaires ne sont peu communs.

Alors, ici, spoiler. Ce reportage nous sort tous les clichés : survivalistes d’ultra-droite ou gauche, surarmé et fous, entrainés à la violence… Bon, à leur décharge, le titre mentionne bien « certains survivalistes ».

La seconde vidéo relate la venue de « Bernard le prévoyant » chez Cyril Hanouna (TPMP) il y a deux ans. Le plateau entier se moque ouvertement du pauvre Bernard en déployant un argumentaire anti-survivaliste improbable. Aucune de leurs attaques ou réponse n’est corrélée aux dires de Bernard ou de la réalité des choses.

La définition commune du survivalisme… selon les survivalistes

Vous l’aurez compris, nous sommes farouchement opposés à la vision qu’a la classe politique et journalistique du survivalisme. Nous sommes toutefois d’accord sur le fait que des fous surarmés vivant dans un jeu vidéo ou voyant la vie comme dans Walking Dead existent. Mais ce n’est pas parce qu’ils se disent survivalistes pour se justifier que la chose est vraie. Et quand bien même. Cette vision des choses ne constitue en rien le fondement du survivalisme. Résonnons par l’absurde : si les forcenés « survivalistes » étaient férus de spaghetti, est-il possible d’affirmer que les mangeurs de pâtes sont tous cinglés ?

Pour ma part, le véritable survivalisme et les courants de pensées en découlant sont on ne peut plus terre à terre.

Tout d’abord, un survivaliste n’a pas peur de l’avenir et aime plus que tout la vie. Il aime tellement la vie qu’il fait tout en sorte de maintenir un certain confort au temps présent tout en assurant l’avenir, peu importe les aléas. Il souhaite également une belle vie pour sa famille et son entourage. C’est pour cette raison qu’il travaille à l’indépendance de son clan et qu’il joue des pieds et des mains pour assurer un avenir à la génération suivante.

Cela passe par une quête d’indépendance, chacun à son niveau. Tenter de dépendre moins ou plus du tout du système constitue un travail quotidien qui n’est pas vécu comme un fardeau mais comme un plaisir. Un parle d’autonomie en eau, de réduction des dépenses, d’une limitation de la consommation énergétique, de jardinage, de cuisine traditionnelle, de stockage de nourriture ou d’équipement en cas de coups durs…

En toile de fond, le survivaliste anticipe et essaye de se préparer à tous les aléas de la vie. Il peut s’agir de risques ultra localisés à l’échelle de la famille ou du quartier, comme un incendie, une inondation, une tempête ou autre catastrophe naturelle, un empoisonnement de l’eau, une coupure d’électricité… Le survivaliste se prépare également à des événements plus globaux, comme une épidémie voire une pandémie, une crise économique, la guerre, une catastrophe industrielle ou nucléaire, un effondrement industriel et civilisationnel. Au-delà de ces types de risques, un survivaliste anticipe tous les dangers (domestiques, routiers…) et les tracas courants que sont par exemple la perte d’un emploi, la maladie… Cette anticipation se traduit par une politique de stockage et de recherche d’économies, d’épargne et d’autonomie.

Grâce à son équipement qu’il porte sur lui ou possède à la maison, le survivaliste se tient également prêt à porter secours à lui-même, sa famille et autrui. Il est également paré grâce à son « EDC » à surmonter tous les tracas du quotidien. Un prévoyant, en somme.

En bref, le survivaliste anticipe ce qu’on nomme dans le domaine un bris ou une « rupture de la normalité » afin de limiter ses effets sur lui et ses proches. On ne parle donc pas de fin du monde (ça, c’est de la caricature journalistique !) mais la fin de notre monde.

Main tenant une boussole de survie pour s'orienter en pleine nature
S’orienter grâce à une boussole – Joshua Woroniecki /Pixabay

Les piliers du survivalisme

Nous parlerons tout au long de cet article des piliers du survivalisme. Je me dois donc d’expliciter le concept avant toute chose, ce afin de ne pas perdre le lecteur.

En résumé, pour le survivaliste, les piliers sont les grands thèmes sur lesquels doit reposer sa préparation.

On en dénombre Dix :

  • La préparation de la maison,
  • L’autonomie en nourriture
  • Eau,
  • Energie,
  • Défense personnelle
  • Hygiène et soins,
  • Compétences, connaissances,
  • Mobilité
  • Mobilité
  • Communication et lien social

Chacun des piliers est important, mais le survivaliste mettra davantage l’accent sur l’un ou l’autre selon de nombreux facteurs. Toute préparation diffère effectivement selon l’environnement dans lequel on vit, les trajets quotidiens, le métier, les compétences, la configuration de la famille…

Retrouvez ici notre article sur les piliers du survivalisme.

 

Les différents types de survivalistes

Personnellement, je pense que l’ensemble de ces profils types relèvent de près ou de loin du survivalisme pur. Certains peuvent répondre à un, deux, trois profils différents avec quelques dominances. Il est en effet difficile et plutôt réducteur de mettre les gens dans des cases.

Ce que je vais dépeindre peut relever de la caricature. Mais les clichés permettent parfois d’y voir plus clair.

Survivalistes purs et survivalistes engagés

Dans la culture populaire, mais cela peut se ressentir sur de nombreuses chaines et forum traitant de survivalisme, le survivaliste pur a des positions politiques et le fait savoir. Ces positions peuvent être cataloguées par certains tantôt d’extrême droite, tantôt d’extrême gauche. Pour les premier, l’effondrement civilisationnel prochain sera provoqué entre-autres par plusieurs causes. Nous pouvons citer une politique d’immigration impactant les us et coutumes locales et impactant l’emploi, l’insécurité provoquée par un laxisme des gouvernements, et l’état providence faisant courir le pays à une régression certaines. Ces causes, toujours selon cette frange de survivalistes aboutira à un effondrement économique, culturel, ainsi qu’à des guerres civiles.

Pour les seconds, l’effondrement sera provoqué principalement par les inégalités et l’iniquité du système capitaliste. Système qu’il faut à tout prix affronter sous peine de connaitre des guerres civiles ainsi qu’un effondrement économique pour les plus modestes.

De surcroît, notons que les survivalistes « engagés » (notamment à droite) s’affichent pour la plupart en tant qu’adeptes de la philosophie libertarienne. Ce courant de pensée, pour résumer grossièrement, prône davantage de libertés : libertés d’expression, liberté d’entreprendre, libertés de choix de vie et de propriété…

Notons que les survivalistes engagés accordent de l’importance à chacun des piliers du survivalisme en mettant néanmoins l’accent sur le pillier relatif à la sécurité et la défense personnelle et familiale.

Panneaux photovoltaiques sur base autonome durable (BAD)
Les panneaux solaires, l’une des clés de l’autonomie énergétique… Mais un projet coûteux et non durable au -delà de quelques décennies – PhotoMIX-Company /Pixabay

Le survivaliste « bisounours »

Ce profil type de survivalistes constitue, vous l’aurez compris, un sobriquet à l’encontre des survivalistes « softs ». Est souvent qualifié de bisounours le survivaliste s’engageant sur chacun des piliers du survivalisme en délaissant légèrement ou totalement le volet défense, sécurité et armement. En grossissant le trait, nous diront que le survivaliste pur croit davantage à un climat de prédation si un effondrement survient. Si l’homme est un loup pour l’homme, autant l’anticiper, se prémunir des loups, voire devenir soi-même un loup.

Pour le « bisounours », l’effondrement fera émerger davantage de coopération. La défense personnelle est dans un tel contexte important, mais non primordiale.

Les preppers ou « néo-survivalistes »

Ce terme est né aux Etats-Unis et au Canada. Il découle de l’anglais « prepping » signifiant « se préparer ». On appelle également le prepper « néosurvivaliste » en raison de la rupture entre ce courant et le survivalisme dans son acception première.

Contrairement au survivaliste engagé, le prepper n’affiche pas ses positions politiques pouvant trancher par rapport aux dominantes dans le milieu. Le prepper peut ainsi s’avérer un poil libertarien, mais sa dominante peut se placer à gauche, à droite, au centre… Il peut également voter pour les extrêmes, mais rarement de manière convaincue. En résumé, il s’agit d’un survivaliste « monsieur et madame tout le monde », un brin agnostique.

C’est pourquoi le prepper se détache de tout débat politique et focalise principalement sa préparation eut égard aux risques prépondérant pouvant le toucher lui et sa famille. Cela ne l’empêche néanmoins pas de s’informer en analysant de manière pragmatique les infos et les signaux guidant ses préparatifs.

Travaillant sur chacun des piliers du survivalisme, il se veut pragmatique. Toutefois, une part du mouvement prepper est tout de même susceptible d’accorder une importance accrue à la culture populaire lié au postapocalyptique. Ceci entraine une certaine vision fantasmée des risques, des dangers et des situations de survie et peut aboutir à une préparation désorganisée.

Mais en majeure partie, le prepper inscrit sa préparation dans son quotidien, qu’il habite à la ville ou à la campagne et travaille a davantage d’autonomie et de lien social. Il considère le survivalisme comme un mode de vie à part entière et non pas comme un moyen de survie en cas de survenance d’un effondrement.

Un potager/jardin pour nourrir la famille
L’autonomie alimentaire du prepper passe par le potager – PierreGilbert /Pixabay

Les prévoyants ou « citoyens prévoyants »

Le terme prévoyant ou citoyen prévoyant a été popularisé par le blog et la chaîne Youtube éponyme tenus par Steven (bien connu dans le milieu). Pour en savoir plus, visitez le site web Citoyen prévoyant.

Il est difficile de définir le citoyen prévoyant. Il est susceptible de présenter une part de survivalisme engagée ou apparaitre comme un prepper à certains égards. Retenons toutefois que le citoyen prévoyant se veut pragmatique. Il se détache de la politique et de tout fantasme en guidant sa préparation non pas en anticipant avant toute chose un effondrement, mais bien une rupture de la normalité au niveau personnel.

Le citoyen prévoyant peut être citadin, ultra-urbain ou campagnard, il s’agit de Monsieur et Mme tout le monde travaillant sur chacun des piliers du survivalisme en mettant l’accent sur certains d’entre-eux. Il s’agit notamment de la sécurisation du domicile sans armement à outrance, la défense personnelle en restant dans le cadre de la loi, la préparation au secourisme au cas où il serait confronté à un accident de la route ou un accident domestique.

Il débutera sa préparation par la constitution d’un EDC, d’un kit voiture, de moyens de défenses légaux et non léthaux, de systèmes de sécurité au domicile (contre les incendies, les cambriolages…). Le citoyen prévoyant économise en cas de coup dur et réalise des stocks avant tout pour être prêt en cas de « rupture de la normalité de niveau 1 ». Cela peut être le décès d’un membre de la famille, la maladie, la perte d’un emploi…

Pour résumer, le citoyen prévoyant est un survivaliste apolitique qui vote et respecte les lois de son pays tout en se prémunissant des risques les plus fréquents.

Les autonomes ou les résilients

Les « autonomes » constituent une famille de survivalistes qui s’ignorent. Ces derniers ne se considèrent en effet pas comme des survivalistes à part entière, mais plutôt comme des personnes lambda en quête d’indépendance.

L’autonome, urbain ou campagnard, ne se base pas réellement sur les piliers du survivalisme pour sa préparation. D’ailleurs, il ne se prépare pas vraiment à quelque chose. L’autonome ne cherche qu’à vivre de manière écologique tout en faisant des économies. Une frange des autonomes recherche également une vie « hors système ».

Ces personnes mettrons par exemple beaucoup d’effort à la constitution d’un potager, sans faire de stocks de nourritures de supermarché. Il s’équipe de panneaux solaires, se chauffe au bois avec un poêle de masse, isole sa maison pour réaliser des économies, installe des systèmes de récupération et de traitement des eaux. Il tente également autant que faire se peut d’éviter les écrans.

Nous retrouvons parmi les autonomes des écologistes ainsi que des personnes attachées à une vie à la campagne, à l’ancienne.

Les buschcrafteurs

Le buschcrafteur, comme son nom l’indique, s’adonne au buschcraft… Un terme anglo-saxon signifiant « l’art de vivre dans les bois ».

Le buschcrafteur part en week-end dans la nature et notamment en forêt qu’il surnomme « la verte ». Sur ce terrain de jeu, il s’initie seul ou entre amis à cuisiner au feu de camp, à monter des abris sommaires, à reconnaitre les plantes comestibles… Il s’agit donc davantage d’une passion, d’un hobby plutôt que d’une préparation. Malgré tout, les compétences et connaissances acquises grâce au buschcraft constituent une initiation efficace à la vie sauvage. Cela traduit également une certaine appétence à l’univers survivaliste. Pour cette raison, nombre de buschcrafteurs sont en parallèle des preppers ou des survivalistes. La réciproque est moins évidente. Les preppers et les survivalistes sont loin de tous s’adonner au buschcraft !

Vie dans les bois
Le survivalisme peut parfois être intimement lié au buschcraft – Uwe Mücke TheMetalmann /Pixabay

Les collapsologues

Les collapsologues sont à détacher des survivalistes bien que de nombreux liens peuvent les unir. Pour résumer, le collapsologue croit en un effondrement prochain. Un effondrement pouvant être  sociétal, énergétique, économique, climatique et écologique… Ou tout à la fois, car systémique.

Le collapsologue est susceptible de se préparer, mais son action se traduit principalement par l’étude des systèmes et des risques pesant sur notre société, ainsi que par l’alerte. Il joue donc ainsi les Cassandre (rappelons que Cassandre avait raison dans la mythologie grecque). En parallèle, le collapsologue est un écolo, mais aussi, autant que possible, un autonome. Il est convaincu que pour changer le monde, il est nécessaire de commencer par soi-même.

Ainsi, bien qu’il soit lié avec le monde du survivalisme par de nombreux points communs, le collapsologue se diffère par certains points. Par exemple, un collapsologue peut être très éclairé sur les dangers de la société tout en ne passant pas à l’action en matière de préparatifs individuels. Surtout, le collapsologue délaisse quelques piliers classiques, comme la défense personnelle.

Les débutants fantasmés

Cette sous-famille rassemble certains jeunes survivalistes et personnes d’un certain âge débutant dans le milieu. Il s’agit bien souvent de survivalistes entamant une préparation désorganisée, parfois improductive, sans se reposer sur les fameux neuf piliers. Les préparatifs peuvent également faire fi des risques prioritaires tout en se basant sur des fantasmes.

Il n’est pas rare de les rencontrer sur les réseaux sociaux et les forums. Les conversations de ces derniers tournent souvent autour de thèmes classiques comme le choix d’un couteau de survie ou de kits pour la vie sauvage, l’armement non léthal (mais aussi non fonctionnel), la pêche et la chasse sauvage « en cas d’effondrement »…

Pour caricaturer, le survivaliste débutant et fantasmé se prépare à un accident nucléaire alors qu’il vit à 300 kilomètres d’une centrale, mais ne tient pas compte du risque inondation alors qu’il vit dans une zone inondable. Il possède un couteau de survie, un kit Bear Grylls, et un sac d’évacuation intransportable…

Bien sûr, je joue sur les clichés et je me montre légèrement moqueur. Mais ne nous cachons pas : beaucoup de survivalistes débutent ainsi (moi y compris !).

 

Les tacticools et fans d’EDC

Tout prepper et survivaliste peaufine son EDC. Comprenez par la « Every Day Carry » ou « Equipement quotidien. Il s’agit en bref de tous les objets et outils que nous trimballons tous les jours dans nos poches ou dans nos sacs… Comme tout le monde ! Sauf que les survivalistes oeuvrent régulièrement à l’optimisation de cet EDC. Le but ? Avoir un équipement le plus efficace, polyvalent, complet et léger possible. Un EDC va donc au-delà des clefs, du smartphone et du portefeuille. Il peut comprendre une torche, un outil multifonction, un kit de premiers secours…

Mais il existe également des fans d’EDC ne s’affichant pas en tant que survivalistes. Ces personnes ont donc la passion des objets et gadgets du quotidien, sans réaliser en parallèle des stocks et autres préparatifs.

Nous pouvons parfois considérer certains fans d’EDC comme des collectionneurs. Ceux-ci possèdent de nombreux couteaux, outils multifonctions, lampes et autres équipements évoluant au grès de la mode et des humeurs. Certains possèdent même des EDC différents respectant un harmonie en termes de style de couleurs. Un peu comme des accessoires de mode.

Parmi les fans d’EDC, nous distinguons également les « tacticool » passionnés par les EDC tactiques : lampes torche crénelées, sacoches militaires avec insignes et passants molle, etc.

Les survivalistes  « mili »

Nous retrouvons pas mal de survivalistes « mili » parmi les débutants. Ces derniers travaillent davantage sur le volet tactique, préparation physique et défense plutôt que sur les autres piliers.

Ces derniers arborent des tenues camos, se préparent physiquement à marcher avec des sacs d’évacuation de 20 kilos… Ils travaillent à la constitution d’équipes en rencontrant des survivalistes adoptant la même philosophie. Par ailleurs, ils pratiquent des hobbys liés au monde militaire comme l’airsoft tout en s’entrainant au tir et aux sports de combat.

A mon sens, cette préparation a du bon en matière de défense personnelle et de forme physique. L’état d’esprit est également adapté à certains risques, mais ceux-ci sont bien moins probables que bien d’autres risques. Car effectivement, l’entrainement militaire peut s’avérer difficile en cas d’évacuation en temps de guerre civile ou d’effondrement qui se déroule dans la violence, mais au-delà ? La formation survivaliste se doit ainsi d’être, je pense, bien plus complète et moins fantasmée. La vie et la survie s’inscrivent dans des contextes à des lieues des scénarios hollywoodiens.

Soldat tenant des jumelles
Certains survivalistes centrent leur préparation sur la survie dans le sens militaire du terme ArmyAmber/Pixabay

Les dark preppers ou reapers

Les dark preppers ont longtemps été présentés come un mythe. Pourtant, ils existent !

Cette frange de la mouvance rassemble les survivalistes tombés dans le côté obscur de la force.

Pour résumer, les dark preppers ne réalisent aucun préparatifs personnels et ne se soucient guère des piliers du survivalisme. Leur philosophie : se former au combat et repérer les survivalistes afin de les détrousser le jour venu.

Il s’agit d’une stratégie de résilience, certes, mais cette stratégie est à mon sens la plus improductive.

Je vous propose une excellente vidéo de la chaine « La ferme autonome » expliquant mieux que moi mes doutes quant à la pertinence du dark-prepping.

Thèmes récurrents en matière de préparation survivaliste

Listons enfin ici les grands thèmes récurrents abordés dans le monde du survivalisme. Ces thèmes touchent à la préparation et l’équipement, mais aussi aux règles immuables de la survie.

BAD pour Base Autonome Durable -la maison autonome survivaliste

La BAD ou Base autonome Durable constitue le Graal en termes d’habitation survivaliste. Certains preppers aménagent leur BAD au sein de leur domicile principal. D’autres ont une maison secondaire aménagée en BAD, ce afin d’avoir un point de chute durable en cas d’évacuation.

Mais concrètement, qu’est-ce qu’une BAD ? Il s’agit d’un habitat, de préférence rurale (il existe toutefois des BAD urbaines ou semi-urbaine) permettant de vivre en autonomie de manière durable. Dans l’idéal, la Base Autonome Durable possède un verger, un potager, un poulailler, des stocks de nourriture, d’équipements et de bois, un poêle à bois, des panneaux solaires, un accès à l’eau avec de quoi la rendre potable… Son lieu d’implantation est calculé afin de réduire la plupart des risques. La BAD intègre en outre des systèmes de défense.

Nous avons réalisé sur ce blog un dossier complet sur la BAD ou maison autonome survivaliste.

Chateau du Moyen Age
Pour certains, la BAD ressemble à certains égards à un chateau fort ou une ferme fortifiée – Robert Owen-Wahl /Pixabay

EDC – Every Day Carry pour le survivalisme au quotidien

L4EDC constitue l’équipement que le survivaliste a toujours sur lui. Cet équipement est pensé et organisé afin de répondre à un maximum de besoin. Bien sûr, son poids et son encombrement se doivent d’être limités.

On retrouve plusieurs niveaux d’EDC :

  • L’équipement fond de poche et « sur le corps) : canif, portefeuille, montre, bracelet tactique…
  • L’équipement secondaire toujours à disposition dans un sac ou une petite sacoche.

Pour en savoir plus sur l’équipement propre au survivalisme au quotidien, rendez-vous sur notre article spécial EDC.

L’EDV ou Kit voiture en survivalisme

EDV signifie « Every Day Vehicule ». On l’appelle également EDC véhicule ou kit voiture. A l’instar de l’EDC, l’EDV va plus loin que l’équipement de Monsieur et Mme tout le monde. Nous retrouvons le triangle de signalisation et le gilet fluo, un extincteur, mais aussi de la nourriture, un réchaud, des outils, des powerbank, une tente et des couverture… En bref, tout ce qui est nécessaire au cas où nous serions bloqués en voiture au milieu de nulle part ou pour surmonter les petits ennuis.

Retrouvez ici notre dossier sur l’EDV ou le kit voiture survivaliste.

Sac d’évacuation survivaliste

Impossible de rencontrer une chaine survivaliste sur YouTube ne parlant pas de sac d’évacuation… Ou de Bug out Bag (BOB) pour les anglo-saxons.

Ce sac à dos est conçu pour une personne seule, un couple ou une famille afin de survivre au moins 72h au cas où l’évacuation du domicile est de mise. Ce sera le cas en cas d’incendie, d’inondation, de tremblement de terre… Et toutes situations où rester chez soi demeure impossible.

Nous y trouvons les papiers administratifs, de l’argent, de quoi dormir, s’abreuver, manger, se soigner, maintenir un minimum d’hygiène…

Retrouvez deux articles traitant de ce sujet sur notre blog :

Randonneur
Le sac d’évacuation pour vivre 3 jours dans la nature: un sujet prepper récurrent – Aristeidis Tsitiridis /Pixabay

Couteau de survie

Combien de forum de survie ne contient pas la sempiternelle question « Quel est le meilleur couteau de survie ? ». Aucun.

Le couteau constitue un outil millénaire universelle faisant des êtres humains ce qu’ils sont aujourd’hui. En situation de survie, pas étonnant que cet outil soit primordial. Il permet de couper, tailler des pieux, cuisiner, construire un abris, creuser… Bref, à tout.

La réponse la plus sage à cette question demeure « le meilleur couteau de survie est celui que vous avez sur vous ». Car bien entendu, on ne planifie jamais une situation de survie ! Alors autant avoir dans son EDC un couteau robuste, polyvalent… Et dont le port estlégal dans votre pays.

Kit de survie

Autre thème fréquent dans le monde du survivalisme : le kit de survie. Ces kits tout faits font florès sur la toile. Mais pas mal de survivalistes constituent leurs propres kits.

Il s’agit ni plus ni moins d’un très petit contenant permettant d’avoir toujours sur soi l’essentiel pour survivre. Il peut s’agir d’une petite trousse, ou d’une petite boite étanche, par exemple. Une mode américaine qui dure maintenant depuis pas mal de temps consiste à créer des kits dans des boites de bonbons Altoid.

Nous pouvons retrouver dans un kit de survie des allumettes étanches, du fil, un hameçon, un petit couteau, une scie-fil, une loupe, une boussole…

Livres et manuels de survie

En survie, les compétences et les connaissances constituent le meilleur équipement. Un adage dit bien « Le plus on sait, le moins on doit porter ». Cela vaut par exemple pour la randonnée. Par exemple, celui qui sait construire un abri avec un tarp n’a pas besoin de tente. Le survivaliste qui sait faire un feu n’a plus besoin de réchaud…

Les compétences s’acquièrent par la pratique. Les connaissances par les échanges, les vidéos spécialisées, les tutos et la lecture.

C’est pourquoi les survivalistes se constituent bien souvent une énorme bibliothèque contenant des livres sur de nombreux sujets. Il peut s’agir de manuels de mécanique, de jardinage, de premiers soins, de survie… Etc. Ces livres peuvent être lus et intégrés directement, mais certains ne sont là qu’au cas où dans la BAD et servent de stock de connaissances en cas de coupure Internet.

Retrouvez ici notre dossier sur la bibliothèque et les livres survivalistes.

Un feu de camp comme les hommes préhistoriques
Les connaissance permettent de limiter l’emport de matériel – Pexels /Pixabay

Règles de survie – Règle des 3 et les 5C

En survie, il existe deux règles principales à connaitre : la règle des 5C et la règle des trois.

La règle des trois vous permet de placer des priorités en cas de situation critique. Celle-ci repose sur quelques observations scientifiques et empiriques en matière de survie. Il est en effet attesté qu’en moyenne, pour mourir, il suffit de trois seconde d’inattention, 3 minutes sans respirer, 3 heures sans abris en hypothermie, trois jours sans boire, trois semaines sans manger et 3 mois sans lien social.

La règle des 5C guide quant à elle la préparation de kits de survie et de sacs d’évacuation. Il s’agit ni plus ni moins des indispensables de la survie :

  • Contenant (pour transporter, contenir de l’eau…)
  • Couvrir (se)
  • Couteau,
  • Corde,
  • Combustion
  • 6ème C bonus : la communication

Retrouvez ici notre dossier sur la règle des 5C en survie et sur la règle des trois.

 

En résumé

Voici mon article à propos des preppers, des survivalistes et leurs préparations. Je l’ai voulu le plus complet possible et suffira, je pense, à informer toute personne curieuse et les survivalistes débutant.

N’hésitez pas à partager votre opinion en commentaire !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *