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Inflation, pénuries… Et si les survivalistes avaient raison ?

La France a connu bien des crises militaires, météorologiques et économiques au cours de son histoire. Pourtant, suite à la seconde guerre mondiale, le progrès nous faisait miroiter des lendemains qui chantent. Et ce fut vrai. Hormis la crise pétrolière mettant fin aux trente glorieuses, force est de constater que la seconde moitié du XXème siècle se déroula sans encombre dans l’hexagone. Au point où tout un chacun imaginait un avenir marqué par la prospérité et la paix ad vitam aeternam.

Néanmoins, les premières années du XXIème siècle prouvèrent le contraire. Nous avons connu une montée sans précédent du terrorisme, une crise financière et économique, la montée du chômage, l’omniprésence dans les médias des sujets environnementaux… Les voyants sont au rouge. Pourtant, une grande majorité gardaient la foi. Seul un petit nombre de personnes appartenant aux « mouvements » survivaliste, preppers ou collapsologue jouaient les Cassandre. La société les taxait (et les taxent toujours) de pessimistes, de fous…

Au vu des situations actuelles, peut-on encore valablement conserver le même discours ? Toutes les prophéties sont bel et bien en train de se réaliser. On parle de nouvelles crises économiques, énergétique, d’inflation, mais aussi du retour de la guerre en Europe, de catastrophes naturelles en recrudescence, de pollution, d’appauvrissement des sols. Sans oublier les régions en stress hydrique, mais aussi et surtout des pénuries graves qui nous guettent. Autant de sujets d’actualité que nous ne croyions pas possibles quelques années plus tôt, à l’instar d’une pandémie mondiale qui nous a pourtant bien heurté de plein fouet.

Tout cela n’est pas sans rappeler les prédictions pour les années 2020 – 2025 de Piero San Giorgio dans son ouvrage « Survivre à l’effondrement économique ».

Nous ne ferons pas ici un inventaire à la Prévert des crises présentes et à venir. Les sources sont déjà nombreuses. Attardons-nous simplement sur le sujet des pénuries, le danger le plus prégnant à court terme dans l’Hexagone. Spoiler : en conclusion de cet article, il est à notre avis de notre devoir de faire des stocks de nourriture, mais aussi des stocks de matériels divers ainsi que de médicaments. Bien sûr, ces stocks doivent se faire intelligemment, petit à petit, avant que la crise totale ne nous surprenne.

Retour sur les pénuries.

La pénurie de moutarde

Il ne s’agit pas là d’une pénurie grave (hormis pour les personnes travaillant pour cette filière). En France, nous consommons en moyenne 1kg de moutarde par personne. Mais depuis juillet 2022, cette denrée a disparu des rayons des supermarchés. Une pénurie qui durera forcément.

En cause : La guerre entre l’Ukraine et la Russie, deux gros exportateurs de moutarde. Autre cause : une énorme sécheresse au Canada divisant par deux les récoltes de 2021. Or, le Canada est l’un des plus gros exportateurs de graines de moutarde.

Nous pourrions nous demander pourquoi les producteurs français ne doublent pas la cadence pour pallier notre besoin. La réponse est simple : nous ne produisons plus de graines de moutarde depuis la seconde guerre mondiale et dépendons d’autres pays depuis.

Bref, nous n’aurons plus de moutarde pendant un bon bout de temps… Mais ce n’est pas là un drame. Seulement, nous commençons à entrevoir les problèmes liés à une économie mondialisée à outrance dans laquelle les états sont interdépendants. Aujourd’hui, il est question de moutarde, mais demain ?

Graines de moutarde
Les graines de moutarde, ingrédient en pénurie !

Pénurie de blé

Autre souci en vue, autrement plus grave : la pénurie de blé. En cause, de nouveau la guerre entre l’Ukraine et la Russie, deux énormes fournisseurs de blés mondiaux.

Or, les sociétés humaines reposent depuis la nuit des temps sur cette céréale. Le blé est nécessaire à la conception de la farine, du pain, des pâtes, de certaines boissons… Et un tas d’autres choses encore.

Cette pénurie pourrait ainsi avoir des conséquences fâcheuses, telles qu’un risque alimentaire pour les pays les plus pauvres et les classes les moins riches. Par effet rebond, nous savons, au vu de l’histoire, qu’une nation qui meure de faim se prête à toutes les formes d’instabilités : vol et pillages, soulèvements… Voire révolution.

Champ de blé
Le blé viendra à manquer

Pénurie de paracétamol

 

Cette pénurie n’est pas encore totalement avérée, mais ne saurait tarder. Le paracétamol, anti-douleur accessible sans ordonnance, est le médicament le plus consommé de France.

Or depuis la fin de ce mois de juillet 2022, une pénurie proche est annoncée. En cause : une forte demande liée aux vagues successives de Covid 19 ainsi que des difficultés d’approvisionnement.

Les pharmaciens seront peut-être ainsi amenés à limiter la vente en plafonnant la distribution des boites aux clients non-munis d’ordonnances. Une mesure drastique pour enrayer le problème, qui, espérons-le, n’aboutira pas à une rupture de stocks et une hausse des prix.

paracetamol médicement
Le paracétamol bientôt en rupture de stock?

Flambée des prix de l’énergie

On ne parle pas ici de pénuries, mais surtout de fortes augmentations de prix à venir, notamment sur l’électricité et le gaz. Sans parler des pellets (granulés de bois) dont nous traiterons ce sujet spécifique et très alarmant dans le paragraphe suivant.

En cause : la guerre en Ukraine alors que la Russie est un fournisseur important de gaz en Europe. Mais aussi une demande de plus en plus forte en termes d’électricité de la part notamment des populations eu égard à de nombreux équipements énergivores de la vie courante. On pense notamment au chauffage en hiver, mais aussi aux appareils électroniques divers ainsi qu’aux véhicules en tout genre nécessitant un rechargement sur secteur (vélos, trottinettes, voitures…). Face à cette demande en hausse, nos capacités de production (ou d’achat) peinent à faire face.

Autre cause : L’hiver 2020-2021 a été plus froid que d’habitude et la consommation a réduit les stocks, ce qui a entrainé de facto une première montée des prix au début de l’année 2021. La reprise de l’activité mondiale après la première année de Covid créa également une course entre l’Europe et l’Asie sur l’achat de gaz.

Concernant l’électricité, son prix est basé sur son coût de production, or, dans de nombreux pays européens, les centrales fonctionnent au gaz. Le coût de ces centrales et de leur consommation impacte le prix du marché.

Pour contrer cette flambée du prix de l’énergie, le gouvernement met en place quelques parades, tels que les chèques énergies ainsi qu’un bouclier tarifaire limitant l’inflation. Selon Elisabeth Borne, 1ère ministre : « S’il n’y avait pas de bouclier » sur le prix du gaz ni de plafonnement sur les prix de l’électricité, « l’électricité serait un tiers plus chère, et le gaz 45 à 50% » plus cher. (source : Huffington Post )

flamme gazinière
Le gaz vaudra de l’or…

Hausse des prix et pénurie du pellet (granulés de bois)

Il s’agit ici d’un vrai sujet assez alarmant pour l’hiver 2022-2023. Les pellets sont aujourd’hui marqués par une forte inflation. En moyenne, le sac de granulés 100% résineux était accessible au tarif moyen de 5,5 euros. Fin juillet 2022, le prix du sac de 15kg est passé à 7,5! Certains professionnels du secteur de la distribution parlent même de 13e le sac pour les mois à venir.

En France, la consommation moyenne des ménages équipés de feux à pellets est de 2 tonnes par foyer et par an. Cela représentera ainsi un surcoût moyen de près de 1000 euros cet hiver pour simplement chauffer la maison !

Pire que cela, on parle même de pénurie de pellets cet hiver. Cela signifie que certains ménages ne pourront pas convenablement chauffer leur habitat pour cause de rupture de stocks.

Les causes de cette inflation et de cette pénurie sont multiples

  • Demande en croissance de pellets face à une offre peinant à suivre. Il y a dix ans, le pellet était désigné comme combustible écologique permettant de valoriser les déchets issus de l’industrie du bois. Depuis, les poêles à pellets ont fleuri dans les foyers français et la filière granulés ne se limite plus à la revalorisation de déchets de bois. On abat bel et bien aujourd’hui des arbres pour répondre à la demande ! Et quand la demande est supérieure à l’offre, les prix grimpent.
  • La guerre entre la Russie et l’Ukraine empêche l’exportation du pellet ou du bois issus de ces pays.
  • Les machines produisant les pellets consomment de l’énergie, telles que du gaz et de l’électricité. Or, les sources d’énergie sont également frappées par l’inflation.
  • Face à la pénurie à venir, les Français les plus prévoyant feront des sur-stocks, au détriment des autres consommateurs.
pellets de bois
Pellets pour poêle à granulé. Inflation et rupture de stock

Pénuries de nombreuses matières premières

La guerre, la parenthèse du Covid et le redécollement de la demande mondiale, la pénurie de main d’œuvre, le prix de l’énergie, les stocks à sec, les problèmes d’acheminement… Autant de soucis entrainant la pénurie à court ou moyen terme de nombreuses matières premières : bouteilles en verre, aluminium, semi-conducteurs… etc.

Pénurie d’huile de tournesol

L’Ukraine et la Russie sont les plus gros exportateurs d’huile de tournesol. Le conflit actuel tend à rendre cette denrée rare. Or, l’huile de tournesol entre dans la composition de nombreux produits alimentaires. En conséquence, l’état français a accordé aux industriels de l’agro-alimentaire le droit, momentanément, de substituer d’autres types d’huile à l’huile de tournesol sans avoir à modifier les emballages mentionnant la composition des produits… Gageons sur un retour en force de l’huile de palme…

Pénurie de munitions

Certes, cette pénurie ne va pas toucher tout le monde. Seuls les tireurs sportifs et les chasseurs seront impactés par le manque de munitions en 2022. Cette nouvelle pénurie doublée d’une hausse des prix sur les stocks restants découle de nombreux facteurs. Comme la vidéo YouTube de la chaine « Les armes et la science by Jérémy » l’indique (voir ci-dessous), cela s’explique par :

  • Les achats massifs aux USA avant l’élection de Joe Biden et suite à l’affaire Floyd
  • La pandémie entrainant des surstocks des ménages aux Etats Unis
  • La montée des néo-survivalistes et du nombre de personnes cherchant à s’armer,
  • Le dépôt de bilan de Remington en 2020,
  • Problèmes d’approvisionnement des matières premières et pénurie de travailleurs à cause du Covid,
  • Augmentation des achats de matériel et de matières premières de rechargement (et augmentation des prix de ceux-ci).
  • Stocks tampons européens fondant comme neige au soleil
  • Inflation à tous les niveaux et demande supérieure à l’offre.
  • Guerre en Ukraine et réarmement des Etats.

Vers une sortie de crise ou une situation économique à la libanaise ?

Le rôle des états est, en temps de crise, de la gérer. Et de rassurer. C’est ainsi que nombre de politiques affirment que la crise est temporaire et que nous assistons à un « pic » de l’inflation. Devons-nous être rassurés pour autant ?

Jusqu’à maintenant, le système tient bon. Il a même tenu à la crise mondiale du covid. C’est pourquoi bien des Français sont enclins à l’optimisme. Mais la situation peut-elle s’inscrire dans la durée, voire s’empirer ?

Huile de tournesol, moutarde, munitions, blé… Pour le moment, on évoque la hausse des prix et les pénuries d’un ton plutôt détaché. A défaut de moutarde, on peut manger du ketchup… Et nous avons toujours du pain. Les éternels optimistes diront que tout s’arrangera. Mais que feront nous lorsque le blé prendra 50%, que les sources d’énergie deviendront inabordables ou tout simplement indisponibles comme les pellets ? Que se passera-t-il lorsque les pharmacies ne seront plus approvisionnées en médicament. La majorité des molécules ne viennent-elles pas de Chine ?

Actuellement, nos médias se veulent rassurants et ne font pas grand bruit de la situation libanaise. Depuis l’accident de Beyrouth en 2019, rien ne va plus au Liban qui connait ce que l’on appelle la « crise du pain ». Il s’agirait de l’une des plus graves crises économiques traversée par un pays depuis le milieu du XIXe siècle.

Cette crise est marquée par la dépréciation de la monnaie libanaise, la mise à mal des finances publiques et une forte inflation. Le PIB libanais aurait chuté de 20% en 2020 et la majorité des ressortissants du Liban vivrait désormais sous le seuil de la pauvreté. On parle également d’une hausse des prix de 2 067 % des denrées alimentaires entre décembre 2018 et octobre 2021 !

Là-bas, les coupures d’électricité sont fréquentes, le pouvoir d’achat est au ras des pâquerette et on ne mange plus forcément à sa faim.

Source : L’Orient du Jour

 

Sans conteste, les citoyens prévoyants et autres survivalistes, autrefois décriés, avaient bel et bien raison. Il n’est pas trop tard pour se préparer, faire un peu de stocks permettant de faire le dos rond pendant la tempête et participer activement au retour à la normale…

Grâce au stock alimentaire à la maison, la pénurie nous touche bien moins, nous avons moins besoin d’acheter durant la crise, la demande ne grimpe pas outre mesure face à l’offre et… le phénomène d’inflation s’avère limité. CQFD.

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