On croit que Halloween constitue une fête américaine imposée au monde durant les années 1990 à cause de la mondialisation et l’américanisation de notre société. Or, il s’agit d’une peuple celte, et donc en partie française!
En effet, durant l’Antiquité, le peuple Celtes, comme tout peuple, avait ses propres croyances. L’année celtique était divisée en deux saisons : une saison claire et une saison sombre. La première, la saison claire, correspondait au printemps et à l’été. Cette saison commençait le 1er mai et s’achevait le 31 octobre. La seconde saison, la sombre, correspondait bien entendu à l’automne et à l’hiver. Elle s’étendait du 1er novembre au 30 avril de notre calendrier actuel.
C’est points de passage étaient nommés Beltaine (le 1er mai) et Samonios (le 31 octobre). Samonios constitue donc l’ancêtre de Halloween. Remarquons que ces équinoxes ne correspondent pas à proprement parler à nos équinoxes cosmiques. Samonios constituait également le nom désignant l’actuel mois de novembre sur le calendrier de Coligny (calendrier gaulois). Il s’agissait d’un mois très important pour tous les peuples celtes, qu’ils soient gaéliques ou Gaulois. On aurait à ce propos retrouvé des traces en Gaulle de ces fêtes nommées « Tri nox Samoni » ou les trois nuits de Samoni.
Samonios était une journée particulière pour les celtes, marquant le passage de l’été à l’hiver. Les jours raccourcissent, l’obscurité remplace la clarté, le froid prend le pas sur la saison chaude… Il s’agit également de la fin des récoltes. Autrement dit, la nature entre en sommeil, en hibernation. Cet état naturel suscitait certaines craintes : le soleil allait-il revenir ? Les récoltes seront elles foisonnantes au cycle suivant ?
La fête de Samain chez les irlandais
Samonios, ou l’ancêtre d’Halloween, était également nommé Samain, Samhain, Samhainn ou Samhuinn chez les celtes irlandais et gaéliques. Il s’agissait de l’une des quatre grandes fêtes religieuses avec :
- Lugnasad, une fête religieuse dont le nom signifie « assemblée de Lug », l’une des principales divinités des peuples celtiques irlandais. On le fêtait aux environs du 1er août de notre calendrier Grégorien (mois d’Elembivios du calendrier de Coligny). Il s’agit de la fête associée aux récoltes.
- Imbolc, fête religieuse celtique irlandaise célébrée le 1er février de notre calendrier grégorien (mois d’anagantios selon le calendrier de Coligny). Il s’agit de la sortie de l’hiver.
- Beltaine, fête du printemps fêtée le 1er mai.
Une nuit hors du temps
Par ailleurs, située entre clarté et obscurité, la nuit de Samonios (le 31 octobre), correspondait pour les celtes à une période en dehors du temps. Cette nuit n’appartenait ni à l’année qui se terminait, ni à celle qui commençait. Une sorte de moment creux au cours duquel les croyances allaient bon train. Cette nuit de Samonios, à l’origine d’Halloween actuel, marquait :
- La fécondation de la déesse de la nature et celle du futur soleil qui apparaîtra au solstice d’hiver.
- Une concentration d’énergie alchimique intra-terrestre permettant ces fécondations. Pendant que la surface semble mourir ou placé en sommeil, le cœur fécond prépare le monde qui vient.
- Par extension, une période pleine de promesse et d’espoir en la prochaine saison et en l’avenir.
- Un rite de passage d’un cycle à un autre – thème récurrent propre à chaque équinoxe et solstice dans les cultures païennes.
Le monde des morts se mêle à celui des vivants
Durant le temps de Samonios, situé hors du temps rappelons le, une porte est ouverte aux autres mondes. Parmi ces mondes, celui des dieux, des esprits et des mânes, mais aussi celui des morts se mêle à celui des vivants.
Ces morts ou fantômes n’étaient pas nécessairement craints. Après tout, il s’agissait en grande partie des ancêtres descendus dans le monde des vivants le temps d’une nuit. Afin de leur faire preuve d’hospitalité, il était commun de laisser les portes des maisons ouvertes et de placer sur le seuil des lanternes pour guider les revenants.De la nourriture était également laissée en offrande sur la table.
D’autres esprits étaient craints. Les plus peureux plaçaient donc des lanternes effrayantes sur leur seuil, à l’instar de la nourriture, et fermaient la porte à double tour.
Naturellement, cette fête de transition entremêlant le temps d’une nuit les différents mondes était propice aux événements magiques.
Des fêtes et des cérémonies druidiques
En parallèle, chaque village et communauté organisait des cérémonies présidées par le druide. Avant de s’y rendre, les villageois éteignaient leur cheminée symbolisant la fin de l’année. Durant ces cérémonies suivies d’une fête, il était courant de s’amuser et de raconter des histoires et des fables pendant que brûlait le feu rituel. De ce feu étaient enfin retirés des morceaux de bois ardents distribués à chaque villageois. Ces tisons servaient à rallumer le feu nouveau dans la maison.
Le parallèle avec nos fêtes d’Halloween actuelles est aisé. Nous nous rassemblons également, nous adorons raconter des histoires (qui font peur!) et nous allumons des bougies.
De Samonios à la Toussaint avec la montée du christianisme
Comme chacun le sait, l’extension de l’Empire romain eut peu à peu raison des cultures dites païennes. A la fin de l’Antiquité, la montée du christianisme va également tirer un trait sur les religions druidiques. Néanmoins, Samonios faisait tellement partie intégrante de la culture du peuple celtes que l’église Catholique conservera cette fête en la détournant avec la Toussaint.
La fête de tous les saints et la fête des morts n’étaient pas une nouveauté en soi pour la chrétienté. L’église orientale fêtait déjà au IVème siècle (et Rome dès le Vème) les premiers saints martyrs le dimanche suivant celui de la Pentecôte. Mais la fête de tous les saints (Toussaintt) n’apparut qu’au IX ème siècle. Une fête fixée le 1er novembre et instaurée par le pape Grégoire IV et l’empereur carolingien Louis le pieux.
La fête des morts, qui a lieu le 2 novembre, fut instaurée par les moines de Cluny au début du XIème siècle. On appelait cette fête la fête des trépassés. Elle sera imposée à l’ensemble de la chrétienté au XIIIème siècle en intégrant la liturgie romaine.
C’est ainsi que nous fêtons toujours aujourd’hui la Toussaint le 1er novembre et le Jour des morts le lendemain.
Mais Halloween dans tout cela ? Patience, patience, nous y venons. Notons néanmoins dès à présent que Halloween intègre la Toussaint dans sa signification. En effet, Halloween est un dérivé de Hallow Evening qui signifie « veille de la fête de tous les saints »… En effet, la Toussaint peut se traduire par « all Saints day » ou « all Hallows day».
Halloween contemporain
Nous arrivons enfin à notre Halloween contemporain. Mais pour comprendre l’histoire et les origines de cette fête, il nous fallait bien passer par Samain, Samonios et la Toussaint.
La fête de Samain, bien que quelque peu effacée par la chrétienté, marquait toujours la culture Irlandaise au XIXème siècle. Bien sûr, il ne s’agissait plus de cultes druidiques mais de fêtes populaires. Toujours est-il que les irlandais instaureront Samain à travers le monde via Halloween… Un peu par hasard !
L’arrivée d’Halloween en Amérique
Entre 1845 et 1852, l’Irlande est en proie d’une crise sévère et d’une grande famine. C’est à cette époque que nombre d’Irlandais embarqueront dans des bateaux transatlantiques pour rejoindre le Nouveau Monde. L’Amérique. Ces irlandais en exil exporteront ainsi une partie de leur culture sur le sol américain, dont Halloween.
Bien sûr, cette fête ne gagna pas le cœur des USA du jour au lendemain. Il faudra attendre les années folles, soit l’entre-deux guerres, pour qu’elle commence à prendre une certaine ampleur.
C’est l’apparition de la fête d’Halloween telle que nous la connaissons, avec ses codes, ses traditions et ses symboles. Déguisement, citrouilles de Jack-o-lantern, porte à porte effectué par les enfants, festivités diverses, etc.
L’arrivée d’Halloween en Europe et en France
Il fallut un certain temps pour que l’Europe découvre Halloween. La fête ne débarqua en France que durant les années 90. C’est donc à la fin du XXème siècle que notre pays fêtera Halloween, une fête anglo-saxonne reprenant elle-même une fête ancestrale celte… Et donc une fête en partie française !
Certains dessins animés commenceront à populariser Halloween, comme Princesse Sarah et autres programmes jeunesses. Les romans à succès « fais moi peur » de RL Stine participeront également à l’engouement.
L’introduction de Halloween dans notre calendrier des fête sera également facilité par France Telecom et la création de son forfait mobile Ola en octobre 1997. La publicité parlait de « Olaween » et mettait en scène un nouveau téléphone mobile de couleur orange. En parallèle, la marque organisa sur le champ de Mars une grande vente de 8000 citrouilles au pied de la tour Eiffel.
Enfin, les multinationales favorisèrent également l’essor d’Halloween sur notre continent, comme Disney, Coca-Cola et autres.
Il est amusant de remarquer que ce retour au sources et à la fête de Samain fut fortement décriée, car considérée comme un symbole de l’américanisation à outrance du monde !
L’église vit aussi d’un mauvais œil ce retour aux fêtes païennes occultant la Toussaint.
Symboles traditions et décoration d’Halloween
La fête d’Halloween présente désormais partout dans le monde les mêmes codes et plus ou moins les mêmes symboles et traditions. Nous allons tenter ici de dresser un listing des symboles d’Halloween tout en expliquant leurs origines. Ces codes concernent la décoration d’Halloween, les déguisements, les croyances et les façons de fêter Halloween.
Légumes creusés et les citrouilles
Comme nous l’avons souligné plus haut, les celtes éteignaient leur feu avant la nuit de Samonios et revenaient ensuite de la cérémonie avec une braise pour allumer le feu nouveau. Cette braise pouvait également rejoindre des lanternes creusées dans des légumes. Il pouvait s’agir de navets pour les celtes irlandais,tandis que les écossais et les anglais en réalisaient avec des rutabagas. Les bretons creusaient des betteraves.
Comme Samonios constituait une sorte de porte communiquant avec le monde des morts, ces derniers étaient présents sur terre le temps d’une nuit. Bien sûr, les revenants pouvaient être sympathiques, mais aussi antipathiques. Afin de repousser les mauvais esprits, ces lanternes pouvaient être grimaçantes et ressembler à des têtes de mort.
Désormais, il n’est plus question de navets ou de betteraves, mais de citrouille. La raison est bien simple. Lorsque les irlandais sont arrivés sur le sol américain, le climat était davantage adapté aux citrouilles qu’aux navets. Et, avouons le, les citrouilles d’Halloween sont plus simples à creuser !
C’est ainsi que ce légume est devenu le symbole d’Halloween, tout comme le potiron ou le potimarron en Europe.
Le personnage de Jack-O-Lantern
Tout le monde a déjà entendu parler de Jack-o-lantern, l’un des personnages récurrents de la fête d’Halloween. Bien que semblant venu tout droit d’Amérique du Nord, Jack-o-Lanterne tient ses origines d’Irlande… comme le samain et Halloween. Selon la légende, Stingy Jack constituait il y a de cela quelques siècles, un personnage fourbe, avare, malicieux et alcoolique. Celui-ci aurait même réussi à rouler le diable en personne dans la farine ! Cela lui valut d’être condamné pour l’éternité entre le royaume des vivants et des morts. Autrement dit, dans l’obscurité des limbes ou l’entre-mondes que symbolise également la nuit d’Halloween. Et pour s’aider à se diriger dans le noir, Jack-o-lantern porterait une lanterne conçue à l’aide d’un légume creusé. Dans ce navet ou cette citrouille sculptée, repose, non pas une bougie, mais un morceau de braise issu de la porte des enfers.
Comme nous l’avons vu, les irlandais troquèrent les navets contre des citrouilles une fois sur le continent américain. En raison de cette légende, les citrouilles d’Halloween sont surnommées des
« Jack O’Lantern » …
Découvrez ici la légende contée de Jack O’Lantern :
Les activités typiques d’Halloween
Depuis que le samain perdure sous la forme d’Halloween, de nombreuses traditions et activités ont fait florès. Tentons de dépeindre les activités d’Halloween les plus communes… tant aux USA qu’en France !
Le porte à porte
Autrefois, il était de coutume d’ouvrir ses portes et de laisser de la nourriture sur la table afin d’être accueillant avec les esprits lors de Samonios. Certaines coutume celtes, au contraire, laissaient de la nourriture sur le seuil de la maison avec des lanternes effrayantes. Cela permettait de repousser les esprits malveillants.
Ces traditions ont donné lieu au fameux porte à porte venu tout droit des États-Unis. Les enfants habillés en revenants (ou autres costumes d’Halloween), sonnent aux portes de leur quartier afin de réclamer des friandises.
Nous retrouvons également cette tradition un peu partout en Europe au moment de Noël. A l’occasion des fêtes de fin d’année, les enfants, souvent issus de classes populaires, sonnent aux portes pour chanter des cantiques.
Lors du porte à porte traditionnel de Halloween, une tradition demeure depuis des décennies aux États-Unis : le fameux « Trick or Treat ». Nous pouvons traduire cette phrase par « farce ou friandises » ou « bêtises ou friandises ». La sommation est claire : si les habitants ne répondent pas à la porte ou ne donnent pas de bonbons, ceux-ci ont le droit à une farce. Il peut s’agir de petites farces (confettis dans la boite aux lettres, papier toilette sur les voitures… etc) ou des bêtises un peu plus conséquentes, comme le jet d’œufs sur les façades.
Les soirées Halloween
Pour fêter Halloween, d’autres activités peuvent être privilégiées en soirée entre amis:
- Soirées et bals costumés
- Lecture d’histoires d’horreur entre amis,
- Visionnage de films d’horreur,
- Jeux d’enfants
- …
Bien souvent, les sitcoms et certaines séries proposent des épisodes spécial Halloween. Comme c’est également le cas avec Noël. On peut par exemple penser aux célèbres Simpsons avec les Horrors Show d’Halloween, ou South Park.
Les friandises de Halloween
Les victuailles laissées jadis aux esprits sont devenus aujourd’hui des friandises. On pense illico aux bonbons donnés aux enfants en porte-à-porte.
Il est aussi de coutume, selon les régions du monde, de réaliser des gâteaux, des cakes et des sablés. Le tout bien sûr aux couleurs de Halloween. Règnent ainsi les couleurs noires et orangées, et les gâteaux en forme de fantôme et de citrouille.
Nous retrouvons également à la table de Halloween les préparations à base de citrouille (comme les soupes) ainsi que des gâteaux aux fruits secs comme des noix.
Déguisements, costumes et maquillage de Halloween
Le jour d’Halloween, soit le 31 octobre, il est de coutume de se déguiser. Bien sûr, il n’est nullement question d’adopter un déguisement de carnaval ou d’infirmière. Car à Halloween, la part belle est laissée à tout ce qui fait peur…
Bien sûr, nous retrouvons dans cette tradition les croyances celtes liées à la Samhain ou Samonios. Cette nuit si particulière entre période claire et sombre est propice au mélange de tous les mondes, dont celui des morts qui se mêle au monde des vivants.
C’est ainsi que nous priorisons aujourd’hui les costume d’Halloween rappelant les morts, que l’on veut plus effrayants les uns que les autres. Les légendes plus récentes et la culture populaire véhiculée par le cinéma et les jeux vidéos a aussi apporté sa part de personnages inspirant la terreur.
Nous retrouvons parmi les costumes et déguisements d’Halloween les « monstres » suivants :
- Fantômes et revenants, esprits et mânes diaboliques venus hanter les vivants.
- Squelettes,
- Diables venus des enfers : Belzebuth, Méphisto Phélès, Satan et figure de démons divers
- Loups-garous
- Vampires, draculas
- Goules, ou vampires femelles selon les traditions orientales,
- Sorcières,
- Monstres maléfiques comme les gobelin et les trolls,
- Zombies et autres morts-vivants à la Walking Dead »,
- Momies,
- Personnages de films d’horreur et livres sombres, comme la créature de Frankenstein, tueur fou, méchant extraterrestre, poupée, pantin et clown maléfique…
Ces personnages peuvent être associés à des animaux en peluche comme les rats, les chats noirs, les araignées, les chauves-souris, les araignées, les chouettes et hiboux.