Amis citadins, seriez-vous tentés par le lombricompostage ?
Amoureux de la nature, amateurs de jardins et de potagers bio, partisans du zéro-déchet, vous possédez sûrement dans votre jardin un bac à compost et êtes incollables sur le principe de compostage. Il est toutefois plus complexe de faire son compost pour son jardinet, ses jardinières, son balcon et/ou sa terrasse quand on est en ville et que l’on manque de place. Le lombricompostage (ou vermicompostage pour nos amis belges et québécois) constitue en ce sens une solution à la fois originale et idéale.
Pour s’y mettre, il suffit de faire l’acquisition ou de fabriquer un lombricomposteur permettant d’y mettre ses déchets organiques de table… Et des vers ! Eh oui, comme son nom l’indique, le lombricompostage met à contribution les « lombrics » (ou plutôt des vers de type Eisenia) pour transformer les déchets en bon compost. Une belle façon de les recycler et de les valoriser !
Vermicompostage, comment ça marche ?
Le procédé est simple. Le ver adore se nourrir des nutriments contenus dans nos déchets de table. En sortie de chaîne après digestion, il produit comme tout un chacun des déjections formant un compost formidable. Un produit riche pour donner un coup de fouet aux plantes moribondes et pouvant servir d’engrais écologique!
Ce procédé né dans les années 50 outre-atlantique et en Océanie commence tout doucement à se populariser partout dans le monde. Loin d’être révolutionnaire, le lombricompostage reproduit juste la chaîne alimentaire naturelle. Un processus au sein duquel les vers mangent les végétaux morts en forêt ou autre milieu naturel pour les transformer en humus très riche par minéralisation.
Le lombricompost est parfait pour les petits espaces. Par contre, si vous disposez d’une cour ou d’un jardin, nous vous invitons également à découvrir notre article sur le compostage à la maison.
Quid des mauvaises odeurs
Récapitulons : un bac à compost avec des déchets qui se décomposent, auxquels on ajoute des vers pour au final récupérer du « caca ». Très peu ragoûtant, non ? Et quid des odeurs ? Cela doit bien puer à la maison !
En fait, détrompez vous. Certes, le lombricompostage n’est pas très glamour, mais il ne se dégage aucune mauvaise odeur du lombricomposteur. Mieux, le produit final, se présentant sous la forme d’un liquide noir et épais, sent le sous-bois et de terreau, comme tout compost qui se respecte.
Pourquoi le lombricompost ne sent-il pas mauvais ? C’est simple. Il n’y a pas de fermentation comme un compost classique, donc pas de montée en température ni d’odeurs nauséabondes de « pourri ». De plus, le système digestif du ver de terre supprime l’odeur de décomposition sans émettre de méthane. Ses déplacements incessants dans les déchets organiques apportent de surcroît de l’oxygène et permettent au contenu du composteur de s’aérer en continu.
Ajoutons enfin qu’un composteur ou qu’un tas de compost peuvent chauffer à près de 70° C et fermenter quand il présente une certaine hauteur. Avec un lombricomposteur, les plateaux dans lesquels reposent les déchets de table présentent une faible hauteur (environ 15 à 20 cm).
Autres avantages du compost à l’aide de vers
Le lombricompostage présente d’autres avantages :
- Un lombricomposteur est facile à réaliser soi-même ou se trouve pour pas cher dans le commerce.
- Le lombricompost est facile à entretenir : il n’y a pas besoin de le brasser, d’ajouter régulièrement de l’eau… Une fois la technique maîtrisée, il suffit en effet de soulever le couvercle et de déposer les déchets. Les vers de terre font le reste du travail.
- En outre, le lombricompostage n’est pas ralenti par le froid comme les composts classiques. Il fonctionne donc à toute période de l’année et en toute saison.
- Ajoutons que le procédé est rapide. Avec un composteur classique, il est nécessaire d’attendre 6 mois à 1 an avant que le processus ne se finalise. Grâce aux vers, c’est une autre histoire. Ils mangent vite et ce jour et nuit. Leur présence favorise également le développement de bactéries activant le processus. Leur digestion empêche toutefois la survie des maladies pouvant être présentes dans les végétaux.
- Le compost se récupère facilement et proprement dans un lombricomposteur. Si vous achetez une installation clé en main dans le commerce, nous retrouvons souvent un petit robinet dans le bac du fond qu’il suffit de tourner pour obtenir l’engrais liquide.
- Le lombricompost apporte un engrais gratuit pour les plantes en pot et le potager de la terrasse… Comptez entre 5 à 10 litres de compost par personne et par an… soit environ 30 litres pour une famille de 4 personnes. Il s’agit en outre d’un amendement très riche en sels minéraux et autres nutriments appréciés par les plantes. Mieux qu’un compost classique mettant du temps à se stabiliser une fois en terre, le lombricompost est stable et assimilable directement par les végétaux.
- Un compost développé par des vers est simple d’utilisation une fois prêt. Il s’utilise pur, dilué ou mélangé à de la terre et du terreau pour des résultats rapides et très au dessus de la moyenne. Ces particularités et qualités font du lombricompost le meilleur amendement pour tout jardinier optant pour un jardin fertile et naturel en biodynamie.
- Cette solution de compostage s’adapte aux petits lieux de vie (appartements, caves…). L’idéal quand on n’a pas de place ni de jardin à proprement parler avec son encombrement limité.
Bref, le lombricompost, c’est le top !
Fabriquer un lombricomposteur maison vertical
Pour fabriquer votre propre lombricomposteur, il vous suffit de trouver dans le commerce 3-4 bacs en plastique opaque de 20 cm de haut, 60 cm de long et 40 cm de large (c’est une moyenne).
Ces bacs devront pouvoir être refermables par un couvercle et s’empiler aisément sans pour autant s’emboîter complètement les uns dans les autres. Préférez donc les boites avec un profil « droit » et non biseauté sur les flancs.
Le bac collecteur à compost
Dans un premier bac, placez une plaque en plastique ou une fine planche en bois en diagonale allant du fond du bac jusqu’au rebord. Cette plaque permettra au vers de facilement remonter et de ne pas se noyer dans le fond en cas de chute. Ce premier plateau fera office de bac collecteur pour le lombricompost.
La litière et le bac à déchets de table
Dans un second bac, perforez le fond d’une cinquantaine de trous de 5mm de diamètre afin de permettre au jus de s’écouler dans le collecteur. Tapissez le fond de carton. Ajouter de la sciure, des bandes de papier non traité broyé, du journal broyé… Humidifiez le tout. Il s’agira de la première couche (litière) qui créera un environnement propice pour les vers et apportera au compost du carbone (les végétaux, quant à eux apporteront entre autres de l’azote). Vérifiez bien le taux d’humidité : ni trop, ni pas assez. Reposez ce premier plateau sur le bac collecteur et mettez-y les vers.
Une dizaine de jours plus tard, les déchets ménagers (légumes, épluchures, végétaux, coquilles d’oeufs broyées…) pourront être ajoutés petit à petit, de préférence sous la litière. Évitez les agrumes qui repoussent les vers par leur odeur ainsi que les produits carnés. N’oubliez pas de réduire vos déchets organiques végétaux en petit morceaux afin d’accélérer le compostage. Refermez le couvercle mais de manière non hermétique afin de permettre aux vers de respirer. A savoir : ne gavez pas tout de suite vos vers. Il faut y aller progressivement pour lancer le cycle de lombricompostage et permettre aux micro-organismes de se développer. Ces derniers favoriseront la digestion des vers. En résumé donc, le processus peut prendre du temps pour démarrer.
Un second bac pour prendre de la hauteur
Une fois que le premier bac sera complètement rempli, retirer le couvercle et ajouter au dessus du premier bac un second bac comprenant de la litière (bandes de papier, sciure, un peu d’eau…). Prenez soin de perforer le fond du second bac avec une cinquantaine de trous de 0,5 cm de diamètre. Ces trous permettront au compost de s’égoutter dans le bac du fond et au vers de transiter d’un bac à l’autre. Replacez au fur et à mesure vos déchets. Dès que ce bac sera plein, il sera possible de placer de nouveau un plateau perforé au dessus… Et ainsi de suite. Vous voyez le principe ?
Les stades de compostage
Au bout d’un certain temps, l’engrais organique liquide pourra être collecté au fond du premier bac (celui du bas) qui deviendra le plateau collecteur. Il est ainsi possible de superposer ainsi 3/4 bacs de ce type au gré du remplissage. A terme, chaque bac représentera un stade de compostage. Celui du bas pour l’engrais liquide, le second pour le compost en cour de finalisation, le troisième pour les déchets partiellement transformés et le dernier, celui du haut, pour les déchets frais.
Lombricompost trop sec ou trop humide : attention !
Petits conseils en vrac : observez bien le taux d’humidité du bac. Si le compost est trop mouillé, il dégagera des odeurs et cela étouffera les vers. S’il est trop sec, les vers sont également en danger.
Ainsi, il est préférable d’apporter de temps en temps au compost de la « litière » (sciure, journal broyé). Sachons néanmoins que les épluchure et les végétaux rejetteront d’eux-même du jus.
Les équilibres se réaliseront facilement avec le temps. Au début, il est normal de commettre quelques erreurs, mais après, tout roulera pour le mieux. Votre lombricomposteur ne réclamera que quelques minutes d’attention par semaine !
Astuce DiY : il vous est possible également de fabriquer un lombricomposteur en mode Do it Yourself en bois de palette.
Quels type de déchets mettre dans un lombri-composteur ?
Afin de régaler les vers eisenia, il vous est possible de réduire considérablement le contenu de vos poubelles en mettant vos déchets de table dans le lombricomposteur. Bien sûr, évitez tout déchet ne pouvant pas se décomposer, tels que les tissus, les plastiques, le métal… Évitez également les déchets d’origine carnée comme la viande et le poisson, ne serait-ce que pour les odeurs. Il ne s’agit pas non plus d’attirer les mouches. A ce propos, recouvrir les déchets de litière (papier, carton et sciure) permet d’éviter les odeurs et la venue de mouches.A éviter également absolument dans le lombricompost : les excréments en tous genre.
Vous pourrez par contre y jeter les déchets de légumes, les épluchures, les fruits trop mûrs, les coquilles d’œufs, le marc de café… Afin d’accélérer le processus, coupez le tout en petits morceaux !
Bon à savoir : le vers Eisenia rafole des déchets végétaux biodégradables, mais déteste les aliments trop acides tels que les zestes d’agrumes, l’ail, et l’oignon.
Vous trouverez sur Lombricomposteureco.fr une liste complète des choses à mettre et à ne pas mettre dans le lombricomposteur.
Quels vers et combien de vers pour un lombricomposteur domestique ?
Comptez une bonne centaine de vers pour 1 kg de déchets hebdomadaires. Par la suite, les vers se reproduiront dans le biotope que vous aurez créé. Plus nombreux ils seront, plus vite le compostage se réalisera. Mais il faudra leur donner à manger !
Quand au type de vers, il ne faut pas se méprendre. Les gros vers de terre que l’on trouve au jardin sont inadaptés, car habitués aux profondeurs. Priorisez les vers pour aller à la pêche (Eisenia hortensis), les vers rouges Californie et/ou les vers de terreau/fumier. Chaque espèce a sa spécialité et il est recommandé de panacher.
Des tutos pour fabriquer son vermicomposteur et pour réussir son compost
Voici notre sélection de vidéo tuto You Tube couvrant le sujet pour approfondir ses connaissances en vermicompostage.
Deux vidéos tuto pour réussir son lombricomposteur maison et son vermicompostage :
L’atelier d’Adrien :
La chaîne lombricompostage facile :