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Mauvaises nouvelles, actualités anxiogènes : sommes-nous accros ?

Bonne ou mauvaise nouvelle ?

Si l’on vous pose cette question, vous opteriez sans réfléchir pour la première option : « Bonne nouvelle, bien-sûr ! »

Pourtant, nous avons tendance à nous attarder davantage sur ce qui nous choque, ce qui nous scandalise et ce qui nous rend triste… Bref, les mauvaises nouvelles ou « bad news ». Force est en effet de constater que les mauvaises nouvelles génèrent davantage d’engagement sur les réseaux sociaux. Plus de commentaires, de partages, de like (version « grrr » pour Facebook par exemple).

Résultat ? La plupart des médias ne parlent que de ce qui va mal, maximisation de l’audience oblige. Plus le nombre de clics et de partages s’élèvent, plus le média se fait connaître, maintient ses positions, fidélise ses annonceurs et gagne de l’argent. S’initie un cercle vicieux qui, à terme, pourrait bel et bien être dangereux pour notre santé mentale et celle de notre société !

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Bonnes nouvelles ou mauvaises nouvelles? – ooceey / Pixabay

Trop d’informations et de mauvaises nouvelles pour notre cerveau !

Guerres, crimes, catastrophes naturelles, corruption, attentats, virus, manifestations… Un résumé des nouvelles du jour, qui se suivent et se ressemblent. Elles nous viennent du monde entier et défilent sur les chaînes d’information en continu. Ces mêmes infos hantent le JT et s’immiscent dans le fil d’actualité de nos réseaux sociaux. C’est un fait, nous sommes bombardés de mauvaises nouvelles, auxquelles nous ne sommes pas insensibles, loin s’en faut. Notre cerveau est-il conçu pour recevoir quotidiennement autant de données, qui plus est de cet acabit ? Il est peu risqué de répondre par la négative. Même lorsque l’on n’est pas directement impacté par celles-ci, les mauvaises nouvelles sont susceptibles de faire naître en nous un véritable stress psychologique.

Quelques exemples typiques en France : les chaînes d’information en continu ont occupé la plus grande partie du temps d’antenne de la fin de l’année 2018 au début de l’an 2019 avec les manifestations dites « des gilets jaunes ». En 2020, on ne parlait que du Covid19. Chaque attentat fait par ailleurs l’objet d’une couverture sur plusieurs semaines… Alors, certes, ces sujets sont importants, mais tout de même…

Dernier exemple datant de ce Noël 2020 sur une célèbre chaîne d’info en continu. Après une énième émission sur le Covid19, un reportage sur la famille royale, plutôt sympa, est diffusé… Mais priorité au direct… Tous les projecteurs se tournent soudainement sur un véritable fait divers : l’explosion d’un camping-car à Nashville dans le Tennessee faisant trois blessés. Sans recul, les experts parlent déjà d’un potentiel attentat… Et nous voilà replongés dans une sorte de psychose trouvant sa source à plus de 6000 km de la France !

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Breaking News – Priorité au direct et aux mauvaises nouvelles! – Matryx / Pixabay

Une véritable dépendance à l’actualité

On le sait, regarder les infos est mauvais pour le moral et « pollue » véritablement le cerveau. Tous les manuels de développement personnel ou presque évoquent l’essentielle diète médiatique comme premier pas dans la quête du bien être et de la productivité.

Voir ici notre article sur la « digital detox ».

Pourtant, nous ne pouvons nous empêcher d’allumer la télévision ou de « checker » plusieurs fois par heure/jour la « timeline » de nos réseaux sociaux. Serions-nous, malgré leurs effets néfastes, accros aux mauvaises nouvelles ? La réponse est oui ! En effet, bien que nous affirmions tous volontiers être à la recherche du bonheur, les actualités violentes et les histoires les plus sordides trouveront toujours grâce à nos yeux.

Une dépendance nous venant de notre « cerveau archaïque »

Pour comprendre ce phénomène, il nous faut remonter à des temps immémoriaux, c’est à dire, à l’époque où nos ancêtres ne vivaient que de chasse et de cueillette. Dans ces conditions de vie très rudes où la loi du plus fort régnait en maître, acquérir la capacité à repérer rapidement les dangers constituait la condition sine qua non de la survie. C’est le développement de cette compétence qui permit, entre autres, de perpétuer l’espèce jusqu’à nous.

Un programme que nous ne pouvons désinstaller

Aujourd’hui, les dangers sont peut être moins présents dans notre société, mais notre cerveau ne se sépare pas aussi facilement de ses anciens programmes. Ainsi, il sait détecter les dangers « classiques »  et nous commande par exemple de regarder à gauche puis à droite avant de traverser la route. Mais il va plus loin, et c’est là que le bât blesse : jamais au repos, il se donne pour mission de s’attarder sur tout ce qui pourrait être mauvais faute de grain à moudre… Les problèmes deviennent une véritable nourriture pour ce programme qui tourne en quelque sorte à vide. Côté moral, il en faudrait moins pour que la coupe ne déborde ! Du reste, ce phénomène nous empêcherait de voir ce qui va bien.

Comment lutter contre les mauvaises nouvelles ?

Alors, que faire ? Difficile de se lancer dans un projet de reprogrammation ayant mis en échec des dizaines de milliers d’années d’évolution, mais être conscient de ce phénomène constituerait un premier pas vers la « positive attitude ». Il suffirait alors de nous accorder davantage de temps de déconnexion tout en recherchant activement les sources de bonheur. Elles se dissimulent ici et là où s’exhibent désespérément devant nos yeux aveuglés. Mais plus nous les remarquons, plus elles se manifestent. Un nouveau cercle se met en place, vertueux, cette fois-ci.

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1ère étape: ne plus regarder les infos – crédit: mohamed_hassan / Pixabay

Idée de lecture : « Overdose d’infos : guérir des névroses médiatiques » de Michel Lejoyeux

A lire sur le sujet, « Overdose d’infos : guérir des névroses médiatiques ». Un livre du professeur Michel Lejoyeux paru en 2006 aux éditions du Seuil.

Présentation de l’éditeur : « Les news se suivent et semblent obéir à la loi des séries : attentats, crashs aériens, cyclones et autres tremblements de terre… Les gros titres des quotidiens et des journaux télévisés nous plongent dans l’angoisse. Une angoisse sans cesse éveillée – on se souvient des images du 11 novembre diffusées en boucle sur nos écrans – qui mène facilement à la névrose : hypocondrie médiatique, boulimie d’informations, compulsions… Les actualités tournent à l’obsession. Spécialiste de l’addiction, le professeur Michel Lejoyeux nous aide à comprendre les mécanismes pervers de notre rapport à l’information et nous donne des pistes pour sortir de l’angoisse et de la dépendance ».

Au sommaire : la névrose de l’information, les causes de la névrose médiatique, retrouver sa liberté face aux news…

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